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Ricardo Trogi: miser sur la vérité plutôt que le spectaculaire

Mercredi, 24 octobre 2018

La semaine dernière, la Tournée était à Toronto dans le cadre de Cinéfranco! pour proposer à une salle comble la comédie 1991, le plus récent succès de Ricardo Trogi. La projection fut suivie d’une séance de questions-réponses lors de laquelle le cinéaste a livré quelques anecdotes dans la bonne humeur générale. Avec 1991, le réalisateur poursuit sur sa lancée amorcée il y a 9 ans avec 1981, suivi il y a trois ans par 1987, dans ce troisième volet qui  nous fait vivre le voyage du jeune Ricardo en Italie, alors qu’il accepte de suivre les pas de celle qu’il croit être son amoureuse. Évidemment, la tournure des événements, ne sera pas celle qu’il avait envisagée.

À l’occasion de son passage dans la Ville-reine, nous nous sommes entretenus avec le cinéaste afin de connaître son avis sur quelques sujets de l’heure.  

Ton film 1991 est en voie d’être le plus grand succès de l’année au Québec... tes impressions face à la réaction du public?

Je suis soulagé! (Rires) Non, en fait c’est ma première réaction parce que je dois avouer que c’était un petit peu stressant d’essayer « d’accoter » les 2 premiers films qui ont bien fonctionné à l’époque. En même temps, quand l’on a vu que ça s’est mis à bien fonctionner pour 1991, que le public était au rendez-vous en salle, je n’ai pas été surpris parce que j’ai quand même eu les 2 premiers volets qui ont eu la faveur du public dans le passé. Je savais qu’il y aurait un côté marketing qui allait se passer et qui allait peut-être quelque part m’avantager donc je suis à la fois mélangé et soulagé! (Rires)

Sur l’évolution de tes personnages au fil des 3 films... Peux-tu nous en dire également un peu plus sur le plaisir que tu as eu au fil de l’écriture, qui est très importante pour toi?

D’abord bien que tous ces films racontent ma vie et souvent celles des personnes que j’y ai rattachées, je me considère comme un chef d’orchestre assez ouvert dans la mesure où je n’exige jamais des comédiens de faire une imitation précise des personnages qu’ils interprètent. Je leur donne quelques infos mais pas plus. Rapidement tout le monde s’approprie son personnage et le façonne comme il le ressent. Le plaisir d’écrire sur sa propre vie vient surtout du pari qui consiste à miser sur la vérité plutôt que le spectaculaire.  Avec 1981, j’ai réalisé que le résultat était très satisfaisant et offrait un niveau de divertissement tout aussi valable que si j’avais tout « inventé ». J’y ai donc pris goût et me suis lançé dans l’époque de 87 et 91 en utilisant le même principe!

Est-ce que le succès ajoute de la pression pour le prochain projet? Où tu arrives à prendre de la distance de tout ça quand l’appel de l’écriture s’empare de toi?

Oui! Comme là par exemple, c’est vraiment la première fois de ma vie que je ne sais vraiment pas. (Rires) Je suis confus pour savoir quoi faire pour la suite. J’ai déjà deux ou trois idées sur la table en ce moment mais j’hésite... Quoi qu’il en soit, je vais prendre une décision cette année. C’est sur que je me connais... J’ai peut-être le goût d’essayer un 1994 (sur ses aventures à l’époque de la Course Destination Monde) ou un 1998 (sur ses premières expériences dans le monde de la publicité) mais je dois réfléchir aux risques que cela peut impliquer... Dans le sens que je pense que le public serait prêt... C’est plus si jamais les critiques se mettent à me « basher » et que ça en vienne à nuire à la carrière du film... et à ma santé mentale! (Rires)

Ton opinion avec l’arrivée de Netflix au pays dans le paysage de la production cinématographique?

Si jamais j’ai à travailler avec eux, je vais voir mais je ne suis ni pour ni contre... j’aurai juste pas le choix. (Rires) En fait, je ressens qu’il est trop tard pour être contre. Il aurait fallu en parler davantage quand ces projets là se sont annoncés. En même temps, il va sûrement il y avoir autre chose dans cinq ans, ça va tellement vite. La seule chose que j’espère, c’est qu’il y ait rapidement une compétition à Netflix pour avantager les créateurs qui se ramassent sur ses plateformes là, autrement, s’ils finissent en monopole, je pense que nos films ne vaudront plus grand chose quand ils vont se ramasser là.

Et selon toi, est-ce important d’intégrer le cinéma au cursus scolaire?

Moi, à l’école on m’a présenté The Wizard of Oz quand j’étais en première année. C’était pas un film québécois mais ça m’avait donné un choc là, c’est quelque chose dont je me souviens encore très bien, qui m’a beaucoup marqué. Plus tard au secondaire, ils nous ont montré le film Mourir à tue-tête de la cinéaste Anne-Claire Poirier et qui est toute une brique que tu reçois dans le front… un film qui amène à des discussions sur des enjeux forts. Le cinéma québécois nous a sensibilisé à quelques reprises durant notre parcours en classe. Je pense donc qu’il serait bon que notre cinéma soit plus présent dans le milieu scolaire. Je me souviens que dans mon cas, le fait que quelqu’un me conseille quelque chose en me disant « ça va être bon pour toi », ça a souvent fonctionné. Si Québec Cinéma a le plus d’occasions possibles de montrer nos films dans les communautés, ça serait bien parce que je vois qu’il y a un public qui me semble très réceptif!

 

En-tête: Ricardo Trogi à Toronto (crédit : François Lemieux)

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